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Coopération à distance ? Multiplier les outils c'est trop compliqué et on va perdre nos collègues allergiques au numérique

L'illectronisme et la surcharge informationnelle sont de vrais sujets de sociétés à ne pas prendre à la légère. Les quelques études récentes sur le sujet permettent de sortir des à-priori que nous nous en faisons : non, ce ne sont pas "les vieux qui ne sont pas à l'aise avec internet" ! Il existe de fortes inégalités d'agilité et de culture numérique en fonction des revenus, des environnements socioculturels, des modes de vie...

Les troubles occasionnés par l'excès d'usage de ces outils numériques, comme l'addiction au smartphone et aux réseaux sociaux (la nomophobie) et les troubles du déficit de l'attention peuvent survenir à tous les âges. Ils sont simplement davantage surveillés et donc diagnostiqués chez certains publics (les enfants, les personnes atteintes d'un trouble du spectre autistique, ...).

Alors évidemment, les outils numériques sont parfois envisagés avec méfiance et difficiles à accepter dans un quotidien déjà très "numérisé". Fondamentalement, ce n'est pas le nombre d'outils qui est en cause, mais l'inadéquation entre les usages et les outils et donc le trop plein d'outils non-conviviaux dans nos quotidiens. Quand un usager ne comprend pas pourquoi un outil existe, et qu'il ne permet pas un quotidien plus doux, alors il est perçu comme en trop.

Il est possible d'instaurer quelques rituels collectifs pour dépasser l'idéal de l'engagement naturel et de l'inclusivité inconditionnelle tout en prenant soin de la surcharge mentale et des disparités d'agilité. Même si nos outils numériques sont conviviaux et utilisés consciemment, il est en effet nécessaire, comme pour tout autre outil technique, d'en passer par des phases d'apprentissage, de partage d'expériences et d'adaptation de l'outil à l'usage. Plus ces processus sont anticipés et facilités, plus l'usage des outils numériques sera aisé, et le collectif soigneux à l'égard des personnes moins agiles.

Pour arriver à cela, il peut par exemple être pertinent de :
  • intégrer les usagers principaux à la démarche d'outillage dès son début : la vérification des usages et des besoins
  • mettre en place formellement des démarches d'entraide dans l'apprentissage des outils : une bonne excuse aussi pour créer de l'interconnaissance et de l'échange convivial
  • privilégier des temps synchrones et en présence pour présenter et apprendre un nouvel outil
  • créer des rituels de discussion à fréquence fixe autour des usages et des outils

Les deux extrêmes du curseur sont (en les poussant vraiment à l'extrême) :
  • L'accessibilité naturelle : les outils sont tous sélectionnés pour être utilisables sans explication par les personnes moins agiles du groupe.
  • L'efficacité à court-terme : les outils sont sélectionnés par les plus agiles et seuls celleux qui sont capables de les utiliser peuvent rejoindre la démarche et coopérer.

Notre future gare centrale est un moyen de positionner le curseur au juste milieu, et d'aider à appuyer ces démarches d'inclusivité et de clarification des usages.