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Coopération à distance ? Ça va encore renforcer le pouvoir des mêmes personnes !

Bien sûr que c'est aussi une question de pouvoir ! La notion de "pouvoir d'agir" revient sur le devant de la scène des dernières années, et à juste titre. Plus notre société est "outillée", plus le pouvoir glisse vers ceux qui contrôlent et produisent les outils. Dans le monde contemporain, une grande partie du pouvoir de faire est confiée aux géants du web : si google ferme son moteur de recherche et ses mails, plus de "pouvoir de" communiquer, s'informer, produire-partager de la connaissance, ...

Dans le champ de l'éducation populaire, trois concepts de pouvoir co-existent :
  • le pouvoir "sur" : capacité de décider, d’exercer une action sur d’autres, en particulier quand cette action se fait au détriment de leur intérêt. Et c’est le plus souvent ainsi qu’est comprise la notion de pouvoir dans le sens commun.
  • le pouvoir "de" est une forme de pouvoir génératif, il désigne la capacité de promouvoir des changements, de faire. Le pouvoir est compris ici comme une énergie, une compétence.
  • le pouvoir "avec", c'est la possibilité de faire avec, de construire avec, de s’inscrire dans une démarche collective de prise en main de son avenir et de transformation sociale, le pouvoir se construisant précisément dans cet "avec", dans la relation.

Une démarche d'outillage numérique au sein d'une organisation peut catalyser ces dynamiques, pour accentuer le pouvoir "sur" ou au contraire aller vers davantage de pouvoir "de et avec" :
  • renforcer les décideurs habituels dans leur "pouvoir sur" leurs collègues, pour mettre en place des outils numériques de reporting, monitoring, surveillance, mesure.
  • faciliter les échanges et la coopération autonome, et le pouvoir "de" de chacun.e, via des outils numériques de communication de surveillance, des outils facilitateurs de la collaboration autour des travaux quotidiens.

Ces démarches sont généralement incompatibles entre elles, voire antinomiques. Par exemple, mettre des outils de reporting pour améliorer le contrôle et l'efficience mesurée d'un processus va nuire à l'autonomie et à la liberté de réorganisation naturelle du processus par ceux qui le vivent au quotidien.

Une suite d'outils numériques peut être pensée pour donner davantage de pouvoir à ceux qui font au quotidien, voire intégrer ceux "sur" lesquels on agissait pour agir "avec" eux.